Elle est une rousse voluptueuse et lui un beau blond, et ils ont tous les deux le même fétiche. Ils ne se rencontreront jamais. Ils ne se toucheront jamais. Ils sont juste excités par la voix de l’autre. Il s’agit d’une ligne de téléphone rose avec Marilou.
Marilou travaille dans sa chambre. Sa maison est un petit bungalow bien rangé dans un quartier où la plupart des maisons se ressemblent. Les murs sont beiges et les meubles sont fonctionnels mais confortables. Le matin, lorsqu’elle a fini de travailler, elle se douche et passe sa journée en faisant quelques arrêts à l’épicerie, à la salle de sport et un petit tour au centre commercial.
Le soir, elle se prépare à nouveau pour le travail. Elle mettra une robe noire sexy, se maquillera soigneusement et enfilera une paire d’escarpins noirs. Puis elle mettra une paire d’écouteurs et prendra un appel. Elle entendra une voix d’homme, une voix de femme, des gémissements, des soupirs, le bruissement de vêtements que l’on enlève.
Elle parlera d’une voix sulfureuse et enfumée, celle qu’elle a répétée maintes et maintes fois dans le miroir de sa chambre. Elle dira tout ce qui lui passe par la tête, et cela l’excitera. Son cœur battra plus vite, son souffle s’accélérera et elle sentira la chaleur s’installer entre ses jambes.
À la fin de son service, Marilou enlèvera sa robe sexy, son maquillage et ses talons. Elle se douchera à nouveau et enfilera un pyjama. Le matin, après sa course et un bol de flocons d’avoine, elle enfilera sa tenue de travail, un tee-shirt et un jean, et se rendra au café.
Dans son esprit, il y a un fossé entre ce qu’elle fait au travail et sa vie normale. Les deux ne se touchent pas. Quand elle est au travail, elle est une créature sexuelle. À d’autres moments, elle ne l’est pas.
Elle est la même personne dans les deux cas, mais elle n’en a pas l’impression. Pour elle, c’est comme s’il y avait deux versions différentes d’elle-même. Il y a celle qui est une travailleuse du sexe et celle qui est une femme ordinaire.
Lorsqu’elle est au travail, elle peut entendre des gens se masturber à l’autre bout du fil. Elle les entend gémir, haleter, soupirer. Parfois, ils lui parlent, parfois non.
La première fois qu’elle a entendu quelqu’un se masturber à l’autre bout du fil, son cœur a battu la chamade. Elle n’a pas su quoi faire. Elle était surprise, confuse et peut-être un peu excitée.
Elle y a beaucoup réfléchi par la suite. Que se passait-il dans la tête de cette personne ? Que faisait-elle ? S’agissait-il d’un homme ou d’une femme ? S’agissait-il d’une personne de son âge ou plus âgée ? Elle s’est demandé si la personne savait qu’elle pouvait l’entendre. Elle se demandait si la personne aimait ça. Elle se demandait si elle devait dire quelque chose.
Elle n’a jamais rien dit. Elle a écouté. Elle se laissait envahir par les sons de la personne.
Au bout d’un moment, c’est devenu normal. Elle pouvait entendre quelqu’un gémir sans même y penser à deux fois. C’était juste une autre partie de son travail.
Elle ne parlait jamais de son travail à personne. Elle gardait le secret. Elle savait que les gens penseraient qu’elle était une salope, une pute.
Ce n’est pas ce qu’elle voulait. Elle voulait que les gens pensent qu’elle était quelqu’un de bien. Une personne normale.
Au travail, elle entendait les gens gémir, soupirer, haleter et gémir. Elle les entendait se toucher. Elle entendait le bruit de la peau sur la peau. Elle pouvait entendre le bruit des doigts qui entraient et sortaient d’un vagin ou d’un anus. Elle entendait le bruit d’un pénis qui entrait et sortait d’un vagin ou d’un anus.
Elle pouvait entendre les sons du plaisir. Elle pouvait entendre les sons de la douleur.
Elle pouvait entendre le bruit de quelqu’un qui jouissait.
Elle pouvait tout entendre.
Elle était la personne à l’autre bout du fil. Mais personne ne le saura jamais.
La première fois que Marilou a fait l’amour par téléphone, elle était nerveuse. Elle ne savait pas à quoi s’attendre. Elle ne savait pas comment agir, quoi dire. Elle ne savait pas si le gars serait beau, s’il aurait une voix sexy.
Mais lorsqu’elle entendit sa voix à l’autre bout du fil, sa nervosité disparut. Sa voix était douce et profonde, et il avait l’air confiant et maître de la situation. Il lui a demandé ce qu’elle portait, et elle le lui a dit. Il lui a demandé ce qu’elle faisait, et elle le lui a dit.
Au fur et à mesure qu’ils parlaient, il était de plus en plus excité. Sa voix est devenue plus grave, sa respiration plus lourde. Marilou voyait bien qu’il s’amusait.
Elle voit qu’il se rapproche de son but.
Il a commencé à décrire ce qu’il voulait lui faire, ce qu’il voulait qu’elle lui fasse. Il a commencé à lui dire à quel point il était dur, à quel point il avait envie d’elle. Il a commencé à lui dire comment il voulait la toucher, comment il voulait la goûter.
Au fur et à mesure qu’il parlait, Marilou était de plus en plus excitée. Sa respiration s’est accélérée, son rythme cardiaque s’est accéléré. Elle sent la chaleur monter entre ses jambes.
Elle lui dit combien elle a envie de lui, combien elle a envie qu’il la touche, qu’il la goûte. Elle lui a dit à quel point elle était mouillée, à quel point elle avait envie de lui.
Ils ont parlé et parlé, et il lui a dit combien il la voulait, combien il voulait être en elle. Il lui a dit combien il voulait la lécher, la sucer, la goûter. Il lui a dit à quel point il était dur, à quel point il était excité.
Et puis, finalement, il a joui.
C’était la chose la plus érotique que Marilou ait jamais vécue. C’était le plus intime, le plus intense, le plus agréable.